Google travaille à l’équivalent de ChatGPT mais pour la musique. La firme ne prévoit pas encore de rendre son utilisation publique.
Vos petites inventions musicales fredonnées ou sifflées innocemment pourraient se transformer en quelques secondes en musique techno, chœur de chorale, et autre solo de guitare… C’est la promesse de MusicLM, une intelligence artificielle développée par Google. Pour le moment, il ne s’agit pas d’un produit fini mais d’un projet de recherche. L’article qui présente ses capacités a été mis en ligne le 26 janvier. Sur GitHub, on peut écouter des dizaines d’enregistrements produits par cette intelligence artificielle générative.
MusicLM est également capable de créer une toute nouvelle musique à partir d’un simple texte. Le principe est le même que pour les intelligences artificielles génératrices de texte comme ChatGPT ou d’images comme Midjourney. Vous écrivez un « prompt », ce court texte qui sert de consignes à l’intelligence artificielle, et vous obtenez un résultat. L’indication peut être très courte et assez large – « techno berlinoise des années 90 ». Ou très détaillée : « Une fusion de reggaeton et de musique électronique, avec un son spatial, venant d’un autre monde. La musique évoque un sentiment d’émerveillement et de crainte, tout en étant dansante. » Le prompt peut indiquer un genre musical, une période ou un instrument particulier. Plus étonnant : l’IA peut également être « nourrie » avec une photo et sa légende.
Il est possible d’indiquer à MusicLM un changement de style dans le même morceau en lui précisant le timing. Par exemple « musique électronique de jeu vidéo 0:00 – 0:15, musique de méditation jouée à côté d’une rivière (0:15-0:30) ».
Dans tous les cas, l’algorithme parvient à générer un fichier audio en haute-fidélité cohérent de plusieurs secondes, voire plusieurs minutes. La qualité est parfois bluffante, d’autres fois le son est robotique ou distordu.
Des expérimentations musicales avec l’intelligence artificielle ont lieu depuis plusieurs années. Le compositeur et musicien français Skygge s’y essaie depuis 2015. Il a notamment produit deux albums avec l’aide d’algorithmes. « L’IA pose la question du rôle de l’artiste. La curation prend une plus grande place dans son processus créatif. On doit écouter les résultats. Les machines n’ont aucune idée de ce qui est beau ou même correct musicalement. Ça bouscule quelque peu l’ego du musicien qui doit accepter de céder une part de contrôle », expliquait-il en 2022 à L’ADN.
On attend le ChatGPT de la musique
Aujourd’hui, les IA musiciennes sont surtout testées par une petite frange de professionnels intéressés par ces nouvelles technologies, mais on pourrait imaginer qu’un outil comme celui de Google démocratise la pratique. De la même manière que ChatGPT a réussi à rendre « grand public » la génération de textes.